Un geste pour ma planète !

par Catherine Balance

(Revue Recto-Verseau – mai 2005)

C’est du 2 au 5 février derniers que se tenait à Marseille, sous le titre “Pause planète”, le XXIème festival Science Frontières avec pour thème: l’état des lieux des ressources de la planète mais aussi des solutions possibles.

Ce thème me ramenait aux bancs de la Fac où j’avais présenté un dossier plus qu’alarmant sur l’écologie il y a déjà un grand nombre d’années. Depuis, certes, j’ai choisi de ne pas conduire, j’évite de cueillir les fleurs, je mange bio le plus possible et trie mes déchets, tout en encourageant mes auditeurs ou mes lecteurs à entretenir des pensées positives et d’amour à l’égard de la planète et des hommes. Jamais cependant je n’ai eu le courage de plonger à nouveau dans des dossiers documentés et chiffrés sur l’étendue des dégâts. Persuadée à un peu moins de 20 ans que nous n’en avions plus que pour 20 ans et ayant pu constater que nous avions survécu à ce délai fatidique, je m’étais un peu rendormie, espérant que pendant mon sommeil un miracle finisse par se produire.

Mais l’étudiante s’est réveillée devant le programme de ce festival: des scientifiques ou des spécialistes de haut niveau (les frères Bogdanov, Jean-Marie Pelt, Gilles-Eric Seralini, Bernard Pouyaud, Philippe Cury…), des personnalités connues pour leur engagement comme Nicolas Hulot mais aussi d’autres venues d’horizons différents apporter à ce festival leur soutien créatif et leur réflexion (Boris Cyrulnik, Didier van Cauwelaert, Michèle Decoust…). Et des propos toujours ouverts au possible…

Que sont mes poissons devenus…

L’un des premiers constats de ce festival concernait la mer. Aujourd’hui, les stocks mondiaux ont été pleinement exploités. On pêche de plus en plus loin et de plus en plus profond (jusqu’à 2000 m). De plus, les fonds marins sont très perturbés par le chalutage.

Il faudrait adapter les outils de pêche et la façon de pêcher, informer les consommateurs de la disparition des espèces et ne pêcher que 30% des poissons par espèce, afin de permettre leur renouvellement.

Certains pays le font déjà. Dans les autres, on ferme les pêcheries au fur et à mesure de la disparition des espèces.

… et mes plantes?

Les 3/4 des réserves d’eau douce servent à arroser l’agriculture industrielle: les engrais ont besoin de beaucoup d’eau! C’est un énorme gaspillage. De plus, la monoculture appauvrit les sols. Pour changer cela, il faudrait irriguer le sol au goutte à goutte, le nourrir de manière naturelle et indépendante, privilégier donc les systèmes de compost, d’humus, planter des variétés adaptées et pratiquer la rotation des cultures.

Le poison des OGM

Les OGM permettent aux plantes ainsi modifiées d’absorber les pesticides sans mourir – en particulier le roundup, un des herbicides les plus vendus au monde – ou d’en fabriquer elles-mêmes. Malheureusement, aujourd’hui, on retrouve des traces de pesticides dans le lait maternel, dans le sang et dans les cellules. Une publication récente du Pr Seralini souligne l’incidence potentielle du roundup sur les troubles de la reproduction ou du développement. Le roundup est aussi évoqué comme un polluant important des eaux de rivières.

Par ailleurs, les OGM polluent les sols sur lesquels ils sont implantés ainsi que ceux des champs avoisinants.

Il fait chaud!

Malgré l’hiver rigoureux que nous venons de connaître, la température a augmenté d’½° en 100 ans (et d’1° dans le sud de la France).

Le niveau des océans a monté de 4 cm en moyenne en 10 ans (jusqu’à 20 cm dans certaines zones). Des îles et des littoraux sont appelés à disparaître d’ici quelques décennies et les glaciers, grandes réserves d’eau, fondent à vue d’oeil. Effet de serre En un siècle, les émissions de CO2 ont augmenté de 30%. D’où l’importance symbolique et effective du protocole de Kyoto qui vient d’entrer en vigueur en février dernier pour les réduire.

Les énergies de remplacement

Elles sont encore minoritaires ou expérimentales: énergie solaire, géothermique ou produite par les éoliennes ; moteurs à huile, à hydrogène ou électriques pour les voitures. Ces sources d’énergie, beaucoup plus propres que les autres, sont des alternatives précieuses.

Et maintenant, qu’allons-nous faire?

S’il est grand temps que les gouvernements du monde se mobilisent et agissent, il est tout aussi important que chacun d’entre nous, individuellement, contribue au quotidien à préserver notre environnement et incite son entourage – en particulier les enfants – à faire de même. Chaque geste compte. “Pour faire pencher la balance, il suffit d’un grain de riz. Et le dernier grain de riz n’est pas plus important que les premiers” souligne un intervenant.

“L’homme est capable de faire ce qu’il est capable d’imaginer”, ajoute la journaliste Françoise Simpere.

Une manière de nous rappeler que changer le monde est aussi un état d’esprit, comme le suggère Didier van Cauwelaert dans l’un des débats: “Nos peurs sont comme la pollution qui crée les pluies acides; elles montent, se répandent et nous retombent dessus.”

Et comme c’est la même chose avec l’amour, privilégions donc les pensées qui nous unissent et nous harmonisent! Nos gestes pour la planète passent aussi par là.

Ce que l’on peut changer, toi, moi, nous, vous…

  • Acheter le plus possible local et auprès des petits producteurs
  • Refuser les OGM
  • Ne pas acheter d’espèces devenues rares ou de poissons trop petits, donc pêchés trop jeunes
  • Trier les déchets, acheter des produits peu ou pas emballés, prendre un panier pour les courses au lieu d’utiliser des sacs en plastique
  • Privilégier le train
  • Economiser l’eau et l’énergie

 

Pour plus d’infos sur les gestes au quotidien:

ademe

l’internaute : savoir/gestes-nature

Pour plus d’infos sur les OGM: crii-gen

Liste des produits garantis sans OGM: www.greenpeace.fr/detectivesOGM/guide.php3

Le Festival science frontières

Fondé il y a 21 ans par Jean-Yves Casgha, le festival réunit chaque année scientifiques, spécialistes, politiques, artistes ou écrivains dans le but de rendre accessible à un large public les découvertes et travaux de la recherche actuelle. A saluer la grande ouverture d’esprit, une organisation sans faille, sans stress apparent et fort chaleureuse!