Luc Bigé : portrait

Parcours d’un scientifique dans le monde du symbolisme”

Propos recueillis par Catherine Balance

(Revue Recto-Verseau – novembre 2000)

 

CB : Comment arrive-t-on à l’astrologie et au symbolisme quand on vient de la biochimie ?

LB : Depuis tout petit, je me suis toujours questionné sur le sens. Et je n’ai jamais trouvé de réponse. J’ai pensé en trouver dans les sciences de la vie, la biologie et la biochimie. Et en fait, j’ai réalisé que les réponses portaient sur le ” comment ça marche ” et non sur le ” pourquoi ” des choses. Il se trouve que, parallèlement, je me suis intéressé à l’astrologie. J’ai monté mon thème, j’ai vu que ça ” marchait ” et j’ai continué en suivant une formation. La démarche scientifique est intéressante en raison de la rigueur de la forme de pensée mais l’inconvénient, c’est qu’on travaille sur des choses extrêmement spécialisées et, au bout de quelques années de recherche fondamentale aux Etats-Unis, j’ai réalisé que cela ne répondait pas vraiment à la question du sens. Après, je me suis demandé où je pouvais être le plus utile : chercher l’inhibiteur d’enzymes ou réfléchir sur les formes de pensée symbolique ? J’ai écrit à ce moment-là L’homme réunifié pour montrer justement la complémentarité entre ces deux voies que sont la science et la voie symbolique. On vit encore dans une sorte d’a priori de la science qui dit, depuis des siècles, que tout est prédictible, que tout est déterministe. Or, aujourd’hui, la science de pointe rejoint la vision des sociétés chamaniques. Tout est en interconnexion profonde, à un niveau profond de réalité. Dans toute partie du système, on a l’ensemble de l’information du système. La loi n’est plus une loi de déterminisme, de compétitivité ou de concurrence mais au contraire une loi d’harmonie, d’équilibre, de coopération, voire de beauté. Et il nous manque aujourd’hui ces langages pour comprendre l’univers de l’harmonie, de la coopération et de la beauté. De mon point de vue, les langages symboliques ont cette fonction.

CB : Le fait d’axer aujourd’hui une grande partie de ton travail sur le symbolisme te rapproche-t-il de la réponse que tu cherchais enfant ?

LB : Oui et, en même temps, c’est infini. De plus, quand on travaille sur le symbolisme, on touche un niveau de joie parce qu’on touche du sens, il y a une sorte d’expansion, de vision qui se met en place et qui fait qu’on comprend – mais sans avoir recours au raisonnement ou à l’analyse mentale. Et cette perception du sens est aussi une jubilation.

CB : C’est la joie d’être en création ?

LB : C’est la joie d’être en contact avec la présence du sens. J’ai aussi l’impression que ce n’est pas vraiment moi qui crée, que je suis simplement un révélateur d’idées.

CB : A travers cette quête de sens, quels domaines seront traités dans l’Université du Symbole ?

LB : Nous travaillerons sur le zodiaque et le processus de vie, de naissance, de croissance, d’apogée, de déclin et de transformation d’une idée, d’un projet”

Nous aborderons le symbolisme musical pour montrer en quoi la lecture symbolique de la musique d’une époque permet de comprendre les préjugés, les présupposés d’une société. Nous étudierons aussi le symbolisme du corps et il y aura un travail important sur la mythologie. L’objectif est de former les étudiants à développer cet autre regard sur le réel qui permette une perception de la signification, du sens et qui soit ouvert à la tolérance. Il ne s’agit plus de compétitivité, de combat – ça c’est juste, ça c’est faux – mais de synthèse. C’est une des grandes lois symboliques.

 

CB : Ferez-vous des liens entre ces différents champs de réflexion ? Associerez-vous, par exemple, un organe comme le foie et un mythe ?

LB : Oui, avec le mythe de Prométhée qui se fait dévorer le foie par Zeus. Le foie, c’est aussi le lieu de la colère. Ce sera traité de cette manière. Il est important de montrer la cohérence entre les différents systèmes symboliques. Ce ne seront pas seulement des enseignements théoriques car les symboles sont aussi vivants à l’intérieur de nous et ils sont opératifs. Il s’agira de mettre cet enseignement en application dans sa vie personnelle et professionnelle pour trouver son propre mythe, pour trouver en fait le sens profond de sa vie, ce qui est pour nous le plus important.

 

*Co-fondateur et président de l’Université du symbole qui a ouvert ses portes en octobre 2000.

A lire : – L’homme réunifié aux éditions du Rocher

– La symphonie du zodiaque aux éditions de Janus.

Pour en savoir plus :

  • symbol.edition.free.fr
  • universite.dusymbole.free.fr